La nuit suivante, Liotta prit la décision d'emmener Valàne à Forgotten Hollow. Elle porta l'enfant dans ses bras, et d'un pas rapide, loin d'être sereine, la sorcière emprunta les tunnels creusés par les loups. 

— C'est ici ta nouvelle maison Valàne, dit Liotta, le cœur bouleversé.

Elle grimpa l'escalier et frappa énergiquement à la porte. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     

— De la visite en pleine nuit, remarqua Daisy, habillée chaudement.

— Permettez-moi d'aller ouvrir la porte mademoiselle Désirée. Monsieur Vlad attend l'arrivée de la Princesse Valàne, accompagnée par une sorcière me semble-t-il.

— Je ne suis plus surprise par quoi que ce soit ici. Connaissez-vous son nom Samuel ?

— Je n'ai pas cette information mademoiselle, mais la petite emménage au manoir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

— Je vais recevoir la princesse et la sorcière. Je me rendais dehors de toute façon, retirer toutes ces tresses d'ails, précisa Désirée. L'odeur est trop forte. Elle envahit même ma chambre.

— Elles m'incommodent aussi mademoiselle. Je ne suis pas immunisé contre l'ail.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 — Tu me promets d'être sage d'accord ! Je viendrais te rendre visite aussi souvent que je le peux. 

La bouche enfantine se plissa et Valàne se mit à pleurer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Liotta câlina la petite fille « C'est difficile pour moi de t'abandonner ici alors s'il te plaît, montre-moi que tu es courageuse » et ses pleurs cessèrent.  Valàne s'accrocha à son col de chemisier, le regard anxieux. Liotta lui frotta le dos chaleureusement.         

« Je trouverai un moyen de te ramener à la maison, mais en attendant tu es en sécurité, avec les tiens ».

La porte s'ouvrit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

— Sage décision d'avoir amené ma petite fiotte au manoir, lança Vladislaus. Je vous en remercie. Nous lui offrirons un foyer chaleureux.

— Je n'ai pas eu le choix, répondit Liotta, nerveuse. La petite a faim et elle a de la fièvre.

— On va s'occuper d'elle, promit Lyron. Désirée, permettez-moi de vous présenter la princesse Valàne.

Désirée se tut, loin de penser que c'était une gamine haute comme trois pommes.

— Qu'est-ce que tu fais ici Liotta ? Interrogea Désirée, secouée. Ils parlent tous d'une sorcière, c'est toi ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

— Oui, je suis une sorcière, répondit Liotta. Je suis venue sans mon balai et mon chapeau pointu.

— Ce n'est pas drôle. Et comment tu connais cet endroit ? Tu le savais que je me trouvais ici depuis tout ce temps ?

— Non, je ne l'ai su qu'après... Je crois que Lyron te doit des explications !

— Le moment viendra, répondit le sang-noir, mal à l'aise.

— Comment va mon père ? Questionna vivement Désirée.

— Il va bien, répondit Liotta, morose. Tu lui manques beaucoup. Il a engagé toute la police de Windenburg pour te retrouver.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

— Tu me ramènes à la maison ? Demanda Désirée, enthousiaste.

— Je te demande une faveur, de t'occuper de Valàne comme si c'était ta propre fille, soupira Liotta. Je te demande de rester ici pour elle, au nom de notre amitié. Je n'ai pas confiance en Vladislaus.

— Faites donc comme si je n'étais pas là, maugréa-t-il.

— Notre amitié ? Répéta Daisy. Laisse-moi rire... Tu es une sorcière et tu ne m'as jamais rien dit. Tu m'as laissé moisir depuis des mois ici. Notre amitié est basée sur le mensonge.

— Non, je ne t'ai pas menti. J'ai préféré me taire, c'est différent, haussa d'un ton Liotta. Tu crois que j'ai le droit de dire à tout le monde que je suis une sorcière !? Et eux... ils t'ont dit ce qu'ils sont ?

Lyron fuit « Il est temps pour moi de me retirer ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

— Pourtant tu me connais Liotta, répliqua Désirée. Je sais me taire, tu peux me faire confiance !

— Je suis désolée, répondit-elle sincèrement.

— Princesse Valàne, chuchota Vlad, je vous souhaite la bienvenue au manoir. Il est temps de prendre congé afin de vous nourrir. Vous êtes toute maigrichonne. Mesdames, je vous souhaite une bonne nuit !

— Une minute monsieur Vladislaus ! S'exclama Désirée. Une sale odeur d'ail est constante depuis hier. Avez-vous une explication ?

— Jeune fille, l'ail repousse les âmes malfaisantes. En espérant qu'elles n'y soient pas insensibles... J'ai à faire ! Princesse Valàne, il est temps de dire au revoir à Liotta.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

— Je t'aime très fort, murmura Liotta à l'oreille de Valàne.

De tout l'élan de son cœur, Liotta étreignit longuement la petite fille, sous le regard de Désirée et Vladislaus.

— Il va falloir revoir votre façon d'interagir avec elle, très chère Liotta. Valàne est une princesse. Il faut la considérer comme telle.

« Pauvre con » murmura la sorcière. Elle détourna les yeux lorsqu'il rentra dans le manoir avec Valàne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

— Tu as dit que la petite fille avait faim ? Interrogea Désirée. Est-ce que le dragon noir arrivé depuis peu est lié à elle ?

— Oui. Écoutes, je ne te mentirais plus. Valàne boit du sang de dragon, sans ça, elle mourra. C'est la raison pour laquelle je l'ai conduite ici. Je suis très attachée à elle. Mais je ne peux pas lui donner ce dont elle a besoin. Je viens d'ailleurs Daisy, tout comme elle. Lorsque j'étais gamine, je suis tombée dans un chaudron en passant un portail. J'ai cru que tout était fini. Et l'école des sorciers m'a accueillie. Un sorcier du nom de Siméon s'est occupé de moi. J'étais dans un triste état, rongée par le remord et la douleur...

— Voilà d'où viennent tes cicatrices... Tu m'avais dit t'avoir brûler avec un fer à repasser.

— Je te demande pardon. Je ne connais personne au monde d'aussi gentille que toi Daisy. Tu es celle qui saura s'occuper de Valàne. Tu es posée, intelligente et bienveillante. Tu as tant d'amour à donner. Je te le demande à genoux, reste pour Valàne ! Je ne te le demanderais pas si ce n'était pas important, tu comprends...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après une minute de réflexion,

— Alors Valàne boit du sang... Dans quoi je suis tombée ? Est-ce que Lyron et Vladislaus sont comme la petite fille ?

— Pose la question à Lyron...

— Quel lien tu as avec lui ?

— C'est juste un ami. Je lui apporte de temps en temps ce qu'il me demande. Je sais qu'il tient à toi, énormément.

— Je sens que tu as encore beaucoup de secrets à m'apprendre... Oui, je vais m'occuper de Valàne, mais tu n'es plus mon amie.    Va-t'en Liotta !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Windenburg, au matin du 25 Hiver.

Gabriel s'était levé tôt. Il avait discrètement dissimulé entre les branches du sapin une enveloppe adressée à sa fille aînée. Laora se servit une tasse de café, une serviette de bain autour de la taille. Gabriel préparait des œufs brouillés.

— Joyeux Noël Laora, dit-il affectueusement.

— Merci papa. Tu ne m'en voudras pas s'il n'y a rien pour toi sous le sapin. Je n'ai pas d'argent, puisque je n'ai toujours pas de travail.

— Nous parlerons de cela plus tard. C'est Noël, j'aimerais que cette journée soit agréable pour tout le monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laora se rapprocha de la fenêtre. Avalant lentement son café, elle regardait la maigre neige tombée du ciel. L'odeur de la caféine lui donnait la nausée.

— Est-ce que tu m'accompagnes chez Liotta ? Demanda gentiment Gab. C'est l'anniversaire de son fils, Ruben.

— Plutôt deux fois qu'une... Qui est le père de cet enfant ?

— Ta question est déplacée. La vie privée de Liotta ne me regarde pas. 

— D'accord, mais bon, elle n'a pas fait un enfant toute seule. 

— Je te croyais un minimum intelligente. Ruben a été adopté. Elle me l'a dit de vive voix. Tu te joins à moi pour le petit déjeuner ?

— Non, j'ai des crampes d'estomac.

— Je dois me rendre en ville acheter un cadeau pour le petit Ruben. Je monte me préparer. Si tu as faim, c'est prêt...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une heure plus tard, Gabriel monta dans un taxi.

Laora jeta les œufs brouillés dans une assiette et s'installa à la table, dans la salle à manger. Elle avalait démesurément son petit déjeuner quand elle s'aperçut être épiée par la fenêtre. Une rousse la dévisageait du regard.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Pieds nus, Laora cavala dehors.

— Je vous interdis de m'espionner dans ma propre maison !

— Bonjour. Je me suis égarée. Je m'appelle Adélaïde. Je m'excuse de vous avoir mis mal à l'aise.

Adélaïde lui tendit la main. Elle la saisit d'une poigne ferme et d'acier. Laora frémit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

— Vous n'êtes pas du coin ? Continua Laora.

— En effet. Je voyage de ville en ville à la recherche de ma famille. Une famille éloignée que j'aie perdu de vue, dit-elle mensongèrement. Ils ont peut-être déménagé. 

Après un haut-le-cœur incontrôlable, Laora vomit sur les chaussures de la rousse.

— Je pourrais vous découper pour un acte aussi dégoûtant ! Rétorqua-t-elle, en colère.

— Mais vous n'en ferez rien, riposta Laora, confuse. Entrez, je vais réparer cela...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Après avoir savonné les chaussures d'Adélaïde, Laora les cira soigneusement.

— Et voilà ! Elles sont comme neuves.

— Je n'aurais pas fait mieux, répondit Adélaïde, ravie.

Elle se sentit vénérer et elle aimait ce sentiment de puissance.

— Votre robe, c'est inhabituel de porter ce genre de tunique. C'est un modèle ancien, tout comme vos chaussures, on dirait des vieux souliers. Où les avez-vous achetés ?

— Si je vous le disais, vous ne me croiriez pas...

— Dites toujours !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

— Je fais partie du haut conseil des vampires. Ces souliers viennent d'un pays lointain. Vous ne les trouverez pas au marché du coin.

— Je vous crois ! Vous cherchez qui ?

— Une gamine du nom de Valàne.

— Je sais où elle est. Elle habite à deux pas d'ici. Je vous montre, et vous, vous me conduisez à Forgotten Hollow, au château de la Rose Noire. Je veux voir Vladislaus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

— Je crois qu'on va bien s'entendre toutes les deux, sourit Adélaïde. Il ne me semble pas connaître votre nom.

— Je m'appelle Laora Belle.