• Nouvel Essor

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Laora parcourut des yeux le vestibule somptueux. Derrière elle, Adélaïde la suivait avec l'envie de lui faire un croche-pied. D'un geste brusque, Vlad pointa l'index vers le bar. Adélaïde et Laora s'avancèrent. Vladislaus prit la parole. Laora s'assit sur un tabouret.

     — Je vous présente Samuel Johnson, notre majordome au service du manoir. Samuel, voici Adélaïde, membre du haut conseil des vampires et Laora Belle, la sœur de Désirée.

    — J'en conclus qu'elle est ici, s'impatienta Laora.

    — N'allons pas si vite très chère, répondit Vlad. Samuel, s'il vous plaît, servez quelque chose de rafraîchissant à ces gentes dames.

    — Bien monsieur ! 

    — Rien pour moi, lança Adélaïde méfiante.

     Hirador perçut le mal. Il agita ses ailes.

     

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    Un verre de grenadine heurta le comptoir.

    — Mademoiselle Désirée est mon amie. Je laisserais personne lui faire du mal, répliqua le majordome.

    — Taisez-vous Samuel ! Rouspéta Vlad.

    — Alors, elle est ici ! S'exclama Laora.

    — Je suis sûre que oui, riposta Adélaïde. Puis-je jeter un œil à ce vieil orgue là-bas ?

    — Je ne préfère pas, répondit Vlad.

    La rousse désobéit et s'installa devant un clavier. Assise sur un tabouret d'un rouge sombre, elle feuilleta les partitions.

    — Ne mettez pas vos doigts sur cela, s'énerva Vlad. 

    Soudain, le dragon noir s'éleva face à Laora, les griffes prêtes à attaquer. Elle était pétrifiée de peur et d'admiration.

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     Vladislaus attrapa les pattes du dragon et le jeta violemment. Protégé par sa cuirasse argentée, il n'eut aucun mal. Il fit mine de ramper sur la moquette. Laora remercia Vlad. Il mit sa main derrière son dos et l'accompagna sur le canapé. Adélaïde jouait quelques notes d'une mélodie sombre. Cachée derrière une arche en bois, Désirée s'accroupit et tendit le bras. Elle réconforta le dragon en lui chuchotant :

    — Tu es plutôt calme d'habitude. Que se passe-t-il Hirador ? Cette fille est ma sœur, que fait-elle ici d'ailleurs ? Elle connaît l'oncle Vlad apparemment. Il vaut mieux que tu retournes à l'étage veiller sur Valàne. Je suis sûre que ces deux-là ont des choses intéressantes à dire et je veux les entendre.

    — J'ai acheté ce dragon à une vente aux enchères ! Cria Laora, comme l'écho du tonnerre, assise à côté de Vladislaus. L'oreille attentive, Adélaïde écrasa une touche. Une note accidentelle perça les oreilles de chacun.

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    — Vraiment ? Questionna Vlad.

    — Une femme aux cheveux roses s'est fait remarquer par tout le monde ce jour-là, expliqua Laora. Elle a fait don de ce dragon noir à mon père en disant que c'était un jouet. J'ai su tout de suite qu'il n'en était pas un. Je l'ai vu bouger !

    — Il s'appelle Hirador. Je connais une seule Faba aux cheveux roses. C'est une vieille connaissance.

    — Ce même jour, un tableau représentant ma sœur Désirée a été saisi par David Dekarpel, un flic qui me colle aux fesses depuis trop longtemps.

    — Une merveille ce tableau. Il a été peint par mon neveu, Lyron.

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    — Ce tableau prouve que Désirée est vivante et que vous l'avez ramassée quand moi et Lombardi l'avons jetée par-dessus bord lors de cette croisière à bord du Newcrestic. Vous n'avez pas honoré votre part du contrat monsieur le vampire. Vous m'aviez promis la jeunesse éternelle en échange d'une proie.

    Désirée reçut comme un coup de couteau dans le dos. 

    — Il se trouve que mon neveu est tombé amoureux d'elle. C'est lui qui l'a sauvée. Par ailleurs, vous n'avez pas donné suite à notre contrat. Vous ne m'avez jamais téléphoné, se justifia Vlad.

    — Je veux ce que vous m'aviez promis, la jeunesse éternelle. Il me semble que le dragon noir m'appartient. Je pourrais aussi alerter la presse et dire que des vampires se cachent ici.

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    La chauve-souris se dissipa. Lyron rebondit de tout son être. Dans un nuage de fumée noire, il chuchota :

    — Je suis navré que vous ayez entendu cela.

    — Vous le saviez ?

    — Oui. 

    — Ma propre sœur m'a trahie, murmura Désirée. Que lui ai-je fait ?

    — Je dois admettre que j'ai profité de vous pendant un certain temps. Mais je n'ai jamais menti sur un point. Je vous aime Désirée Belle. C'est le moment de devenir l'une des nôtres et de monter sur le trône de Limaille, avant que votre sœur ou Adélaïde y parviennent d'une façon ou d'une autre.

    — J'accepte. Mais j'imposerai mes lois et lorsque Valàne aura grandi, je lui céderai la place.

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    Voulait-elle vraiment abandonner sa vie de mortelle ? Lyron ne lui posa pas la question deux fois. Il planta ses crocs dans le cou de Désirée.

    — Me voilà à la hauteur de mon oncle à présent, dit-il en parlant bas. Buvez mon sang Désirée.

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    — Qu'avez-vous fait mademoiselle Daisy ? Demanda Samuel, peiné.

    — Tout va bien, c'est mon choix, répondit Désirée. J'ai décidé de monter sur le trône de Limaille.

     Le sang avait régalé Daisy. 

    — Et si votre sœur choisissait elle aussi la voie des vampires mademoiselle Désirée ? Interrogea le majordome.

    — Je m'en moque !

    Lyron et Désirée montèrent à l'étage. Samuel emporta le linge sale dans la buanderie.

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    — J'estime que notre contrat est nul, affirma Vlad. Accepteriez-vous de laisser Hirador à mes bons soins contre la vie éternelle ?

    — Oui, répondit Laora.

    — S'il vous plait, dites oui monsieur. Je suis un maitre vampire à Forgotten Hollow. Êtes-vous prête à respecter notre coutume, d'obéir aux lois et de garder le secret sur les vampires ?

    — Oui monsieur.

    — Parfait !

    Sous les yeux d'Adélaïde, Vlad planta ses crocs dans le cou de Laora Belle.

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    — Vous allez le payer très cher, souligna la rousse, sur un ton hautain.

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    — Samuel, préparez un cercueil pour notre invité. Laora Belle dormira au fond du sépulcre, ordonna Vlad. 

    — Bien monsieur, répondit-il.

    — Laora Belle, continua Vlad, je vous interdis de fouiner dans mon manoir. Ensuite, Samuel, installez Adélaïde dans les appartements de Désirée et fermez la porte à double tour. 

    — Ce sera fait monsieur Vladislaus, répondit le majordome.

    Laora s'efforça de prendre un air triste :

    — Pourquoi me regardez-vous de la sorte ? Questionna-t-elle.

    — Quand je pense à tout le mal que vous avez fait à mademoiselle Désirée...

    — Cela suffit Samuel ! Interrompit Vlad. Disposez maintenant. 

    Nouvel Essor

     

     À peine arrivée à l'école des sorciers que Liotta rechercha un recueil de mots porté sur la lettre L. Elle le trouva dans la bibliothèque personnelle de la directrice. Une introduction attira l'œil de Liotta. 

    Limaille : Terre fantastique où cohabitait autrefois les créatures du bien et du mal. Les vampires furent les premiers à y instaurer un usage...

    Faba avait laissé des notes écrites à la main " J'ai rencontré Vladislaus aujourd'hui. Je me demande si je lui plais... "

    Sur une autre page " Vlad est parti. Il meurt de faim. La tristesse m'envahit. Les champs de plasmafruits sont détruits par les loups-garous rebelles. Les jardins de roses périssent, je ne comprends pas ce qui se passe... "

    Chapitre 21 : Nouvel Essor

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pendant ce temps-là...

    Sauvages, narcotiques et aromatiques, les herbes précieuses de l'école étaient entreposées dans un local situé dans les tréfonds de l'académie. Plusieurs potions fermentaient depuis des siècles. De temps à autre, Faba adhérait aux sciences occultes. Une pratique qu'elle maîtrisait mal. Elle interrogeait les morts pour soutirer des informations sur Vladislaus. Jamais elle n'avait vu un squelette apparaître et lui tenir la conversation. Jamais elle n'avait vu une ombre se dessiner. Elle était toujours concentrée et voyait des lettres émergées dans un flot de lumière. Encore une fois, elle espérait discuter avec un grand sorcier disparu, mais ce fut Pabli Micasso qui répondit à son appel, peintre exceptionnel et ami de Vlad.

    Chapitre 21 : Nouvel Essor

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Elle lui demanda d'abord comment aller Vladislaus et ce qu'il devenait. L'une après l'autre, des lettres apparurent. Elle lut le mot "Caillou"

    — Monsieur Micasso serait-ce l'heure de l'apéro au paradis ? Interrogea-t-elle en ricanant. "Caillou" répéta-t-elle. Qu'est-ce que ça veut dire ?

    Des chiffres remplacèrent le mot "caillou".

    — C'est son numéro de téléphone ? Demanda Faba.

    La réponse fut oui. Elle le nota sur un bout de papier et le mot "caillou" réapparut. Faba sentit un vent froid tournoyé autour d'elle, puis, plus rien.

     Chapitre 21 : Nouvel Essor

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Au manoir, dans une chambre d'amis.

    — Je suis confus, vos appartements ont été donnés à Adélaïde, soupira Lyron. Mon oncle aurait dû vous en parler d'abord.

    — Je ne me sens pas très bien, répondit Désirée.

    — Il faut vous monter plus ferme désormais, même envers mon oncle. La reine sombre qui dort en vous se réveillera dans quelques jours. J'ai disposé tous vos biens personnels ici. Un cadeau vous attend dans la salle d'eau. Cette chambre est-elle à votre goût ?

    — Ce n'est pas le plus important Lyron, dit-elle énervée, avec le ventre ballonné. Je tiens tête à votre oncle depuis que je suis arrivée ici. Il ne me fait plus peur. Est-ce que j'ai le droit d'aller dire au revoir à mon père ?

    — À présent vous avez tous les droits Désirée.

    — Quittez cette chambre Lyron !

    Chapitre 21 : Nouvel Essor

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Allongé sur la moquette, Hirador sommeillait. Après lui avoir donné un bain, le majordome recoucha l'enfant. Samuel se pencha sur le lit de la princesse Valàne et l'embrassa sur le front.

    — Votre mâm va être malade pendant plusieurs jours jeune princesse. Je prendrai soin de vous. Des intrus ont pénétré le manoir. Princesse Valàne, est-ce que je dois confier la rose noire à Hirador ou la donner à mademoiselle Désirée ? Hélas, vous êtes trop petite pour me répondre, soupira le majordome. 

    Chapitre 21 : Nouvel Essor

     

     

     

     

     

     

     

     Tard dans la soirée, Liotta rentra à la maison. Siméon lisait une histoire à Ruben.

    — Bonsoir paternel de mon coeur ! Merci d'avoir gardé mon p'tit garçon.

    — Avec plaisir, sourit Siméon.

    Ruben descendit du canapé. Il s'empressa d'aller embrasser Liotta.

    — Dans mes bras ! S'exclama-t-elle vivement.

     

    Chapitre 21 : Nouvel Essor

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    — Tout s'est bien passé ? Interrogea Liotta.

    — Oui. Il a mangé de la purée à la viande crue. Il a adoré, rapporta Siméon. Il y a quelque chose que je ne comprends pas. Comment a-t-il retrouvé l'ouïe ?

    — C'est une longue histoire...

    — Je t'écoute !

    — Jaméson lui a fait quelque chose.

    — Le type qui prétendait être un sorcier sans domicile et qui s'occupait de Ruben ?

    — Oui. Il vient du futur. C'est un veild !

    Chapitre 21 : Nouvel Essor

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    — J'ai su qu'il était particulier à la minute où la potion de l'oubli n'a pas eu d'effets sur lui. Un veild ici, cela ne présage rien de bon, certifia Siméon.

    — Jaméson est parti, soupira Liotta. Tu sais quelque chose sur Limaille ? J'ai trouvé un bouquin curieux à l'école. Faba a laissé des notes dedans et qui datent de très longtemps. 

    — Limaille est une terre fantastique où les premiers vampires et sorciers ont bâti un empire... et d'autres créatures plus sombres, dit-il d'une voix grave. Faba était novice à cette époque. Elle était amoureuse de Vlad, mais lui ne la regardait même pas. Limaille est une terre oubliée, ce n'est pas un endroit pour les gentilles sorcières Liotta.

    — Alors, je suppose que ce n'est pas non plus un endroit pour les gentilles filles. Mon amie Désirée est coincée à Forgotten Hollow. C'est de ma faute. Je lui ai demandé de rester là-bas pour s'occuper de Valàne. Les vampires veulent lui faire signer un recueil.

    Chapitre 21 : Nouvel Essor

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    — Je me doutais depuis le début que tu avais mis le dragon noir et la petite Valàne à l'abri. Rassure-toi je ne dirais rien même si je n'approuve pas. Les vampires chassent. Ils sont menteurs. Tu ne dois pas leur faire confiance. Je vais me renseigner et voir si je peux trouver d'autres informations sur Limaille et ce recueil.

    — Merci paternel de mon cœur.

    — Tu as récupéré le trésor de Valàne ?

    — Non. Je n'ai pas vu Faba aujourd'hui. Elle a promis de me le rendre.

    — Fais vite Liotta. Les veilds ne se montrent pas sans raison grave.

    — Je crois que mon p'tit bonhomme a envie de faire pipi...

    Ruben gesticulait dans tous les sens.

     Chapitre 21 : Nouvel Essor

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Après avoir fait du rangement, Faba se décida a composé le numéro de téléphone du baron.

    — Vladislaus ?

    — Lui-même, prêt à rentrer dans un sommeil profond au fond de son cercueil préféré après un repas fort délicieux.

    — Vous ne vous souvenez certainement pas de moi. Mais je dirige aujourd'hui une école de sorciers. Je m'appelle Faba. Je suis devenue sage et...

    — Très chère Faba, votre voix m'est familière. Il me semble que notre première rencontre était à Limaille... 

    Chapitre 21 : Nouvel Essor

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     ... Je me trompe ?

    — Oui c'est exact, répondit Faba. Vous avez une excellente mémoire !

    — Quelle matière enseignez-vous ? Demanda Vlad, curieux.

    — La magie malicieuse.

    — C'est ma préférée. Que puis-je faire pour vous ?

    — J'ai discuté avec un ami à vous, Pabli Micasso... Enfin, discuter est un grand mot puisqu'il est mort, mais il n'a cessé de m'envoyer le mot "caillou" et je me disais que cela pourrait vous intéresser.

    Chapitre 21 : Nouvel Essor

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Dans un cercueil orné d'or, Laora cognait en suppliant de la laisser sortir. Vladislaus l'ignorait. Il poursuivit :

    — Alors ce vieux Pabli parle avec les sorcières maintenant, fort bien ! Quand nous étions gosses, caillou était un code entre nous pour prévenir d'un danger.

    — Pensez-vous qu'un caillou se dirige sur mon école ?

    — Un caillou géant, peut-être... Mais pas seulement sur votre école.

    — Peut-on se voir ? Proposa Faba.

    — Venez au manoir, à Forgotten Hollow !

    — J'accepte votre invitation.

     

    à suivre...


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